Les préparatifs

Avant de vous raconter notre première expérience dans le woofing, il convient de définir concrètement ce qu’est le Woofing.

Le woofing, aussi appelé HelpX est un terme qui désigne l’échange de biens ou services entre deux personnes, sans rapport avec le versement d’un salaire, un peu comme le troc de l’époque. Les woofers, vont apporter aux hôtes, leur main d’œuvre, en effectuant des tâches diverses allant de la cuisine, au fencing (réparation, création des barrières d’un enclos) ou bien encore au nettoyage et à la peinture. En contrepartie de ce service, l’hôte s’engage à fournir aux woofers, un lieu où dormir ainsi que leurs repas de la journée. En définitive, les backpackers viennent travailler et disposent de repas et d’un lit qu’ils « payent » grâce à leur travail de la journée.

Si il n’y a pas vraiment de règle, il est d’usage de travailler environ 4-5 par jours pendant 5 voir 6 jours.

Mais que diable allaient ils faire dans cette galère s’écrie la société capitaliste ! Pour être honnêtes, le woofing ne faisait pas partie de nos priorités en partant en Australie, car si l’idée est intéressante, elle nous paraissait aussi être délicate à gérer, vis à vis du temps perdu (qu’on ne rattrape plus… Trust, Antisocial, ca vous donne une opportunité de réécouter le morceau, c’est toujours un plaisir) sur le voyage, et de la possibilité de travailler au lieu de faire du woofing, ce qui permet une rentrée de revenus qui peut s’avérer utile en temps voulu pendant le reste du trip.

Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, et, à un moment donné, au bout de quelques mois dans une voiture, qui est aussi votre lit, votre cuisine, votre everything (Barry White, on enchaine les classiques), l’idée d’un lit officiel, de bons repas, vous fait considérer très sérieusement l’idée du Woofing. Nous constatons en plus de cela, qu’après 4 mois en Australie, notre anglais s’améliore certes, mais qu’il pourrait s’améliorer de façon exponentielle, et le Woofing paraît être une solution très efficace de ce coté là, puisqu’il vous faut pratiquer l’anglais au quotidien, ce qui est définitivement la meilleure solution pour progresser. Enfin, le Woofing, si tant est qu’il soit effectué dans les zones définies par le gouvernement, et qu’il concerne un farm job (pas de homestay type nanny en ville par exemple), est comptabilisé dans les 88 jours de travail à effectuer pour pouvoir effectuer une seconde année en Australie, argument non négligeable !

C’est ce dernier argument qui nous fait choisir entre deux woofings qui nous paraissaient correspondre à nos envies. Le premier woofing, qui nous est proposé par des copines rencontrées pour le nouvel an à Sydney, a l’air très cool, avec en plus un salaire horaire qui nous reviendrait après un certain nombre d’heures travaillées. Malheureusement, il ne rentre pas dans les 88 jours, et nous avons déjà travaillé un mois dans l’Hunter Valley sans que le job ne rentre dans les jours, nous n’avons plus trop de jours à perdre, donc nous proposons à Lise et Julien, rencontrés à Melbourne, le premier woofing. Ravis, ils acceptent, c’est exactement ce qu’ils recherchent. Tout le monde est content, et nous envoyons un email à Gillian, l’hôte du second woofing, pour savoir si notre présence pendant quelques semaines peut intéresser sa famille. Rapide, elle nous répond avec convivialité, il y a toujours du travail à la ferme, nous sommes les bienvenus !

Allé principale de la propriété
Allé principale de la propriété

Notre arrivée et les présentations d’usage

Après avoir traversé la Great Ocean Road, nous arrivons en pleine forme dans les hauteurs d’Adelaïde à la tombée de la nuit et faisons connaissance avec nos hôtes.

Gillian et Steven sont deux trentenaires, elle est du Queensland, il est Sud-Africain. Ils ont 3 filles, Kitty (Katherine), Lily (Elizabeth) et Chacha (Charlotte) qui ont respectivement 14, 12 et 10 ans. Ils sont les propriétaires de plusieurs fermes dans le pays, dont celle dans laquelle nous allons vivre notre woofing. Ils rénovent la propriété mais ne l’exploitent pas, dans le sens où ils ne tirent aucun revenu lié à une quelconque agriculture végétale ou animale, bien que des animaux soient présents sur les terrains (vaches, moutons, alpacas et poules). Steven a eu du flair il y a quelques années sur des terrains sur le pays, dont il tire aujourd’hui ses revenus afin d’acquérir d’autres fermes. Son projet personnel sur le moyen à long terme, est d’être celui qui possèdera le plus de fermes en Australie. Gillian pour sa part est une photographe freelance, qui a par le passé tenu un café et une boutique photo.

Une partie du domaine
Une partie du domaine
La résidence principale
La résidence principale

Sur place, nous rencontrons Nina, une voyageuse italienne, qui n’est en Australie que pour quelques mois et qui est arrivée 2 jours avant nous. Steven est en déplacement professionnel avec Jacob, un voyageur danois arrivé 2 semaines auparavant.

Nous nous installons et passons la soirée à jouer aux cartes avec les 5 filles, autour de fromage et de bon vin, le woofing commence bien !

Nous terminons la soirée dans notre cottage Woofers, séparé de la résidence principale, pour plus d’intimité en fin de soirée et le matin, et de tranquillité les matins d’école, ce qui nous paraît logique. Nous avons notre propre chambre, avec un lit king size, une cuisine, salle de bain, Tv… Le top !

Le cottage des woofers
Le cottage des woofers

Le début des choses sérieuses

Le lendemain matin, nous n’avons pas de directive précise, nous nettoyons l’un des hangars de la ferme, puis assemblons un meuble en kit pour la maison, pendant que Nina s’attelle à la cuisine. Gillian nous prépare d’excellents repas avec souvent de beaux morceaux de viande, qui sont toujours accompagnés de vin blanc ou rouge qu’ils nous offrent sans modération, de ce coté là, nous sommes gâtés.

Nous enchainons des tâches basiques pendant les quelques jours qui nous séparent du retour des deux autres garçons de la maison (peinture, nettoyage, rien de compliqué ni de très intéressant).

Dès le retour du chef de famille, nous comprenons que ces premiers jours étaient une faveur en connaissance de cause des jours à venir, car Steven aime que les atouts de chacun soient utilisés à bon escient et que la productivité soit au rdv. Il nous fait visiter la ferme de long en large, et nous explique quelles seront nos missions pendant les jours à venir. Il nous explique aussi, qu’il a besoin de savoir qu’il peut compter sur nous sur les prochaines semaines à venir, ce qui lui permettrait de mieux organiser les choses à la ferme. Si ce n’est pas un ordre, nous comprenons toutefois qu’il va nous falloir plus rapidement que prévu, considérer nos options afin de lui permettre de planifier les prochaines semaines.

Petit tour du domaine en 4x4
Petit tour du domaine en 4×4

Les jours suivants ne sont pas de tout repos. Nous commençons autour de 9h et terminons à 18h-19h, avec toujours un agréable intervalle déjeuner préparé par Gillian et ses filles quand elles n’ont pas école. Nous mettons de la bonne volonté, mais restons circonspects face à nos plages horaires, nous travaillons également le samedi et le dimanche. Un soir, nous sommes mandatés afin de surveiller le feu mensuel destiné à éloigner les prédateurs nocturnes de la ferme. Si sur le principe nous sommes contents de participer à une nouvelle activité, notre joie n’est plus si grande quand à 1h30 du matin, notre hôte s’échappe sans nous prévenir et nous laisse à 4 woofers, avec la responsabilité d’un énorme feu sans aucune information sur la suite à donner aux évènements. À la fin de la semaine, nous nous demandons si nous ne devrions pas directement engager un dialogue, notamment vis a vis du dimanche libre et des plages horaires de travail. On en prend quand même plein les yeux tous les soirs avec les couleurs dans le ciel, incroyable!

Coucher de soleil sur le domaine
Coucher de soleil sur le domaine

C’est qui les PATRONS ?

La famille entière quitte la ferme la semaine suivante pour partir en vacances à Port Lincoln, et nous 4 woofers, sommes en charge de la ferme. C’est nous les PATROOOONS ! Les responsabilités sont importantes, notamment vis à vis des animaux, car 2 alpacas et plusieurs moutons ont été tués par les chiens de la ferme les nuits suivants notre arrivée sur place, et que nous devons donc garder l’œil sur ces animaux, pour éviter d’autres morts. Nous devons aussi nous occuper des 3 poussins et des 2 agneaux qui viennent de naître, de ce coté là, on apprend vite que les naissances succèdent aux morts et que la vie à la ferme n’est pas monotone, avec des très bons comme de plus tristes moments.

Les 3 nouveaux venus à la ferme
Les 3 nouveaux venus à la ferme

Pendant notre semaine de gérance, nous ne perdons que 2 poussins, qui ne parvenaient pas à se nourrir, et un mouton, décédé de cause naturelle, et accueillons 2 nouveaux agneaux, que nous baptisons Superman et Hulk. Ferveur générale, on n’est pas peu fiers d’avoir tenu la baraque comme des grands, et OUI on se satisfait de pas grand chose, mais ca fait plaisir !

Les 2 premiers agneaux
Les 2 premiers agneaux

La semaine suivante, nous rencontrons les parents de Steven, qui nous invitent à dormir dans leur maison à Brisbane si nous le souhaitons, le cœur sur la main, et Steven nous propose du boulot à Chinchilla dans le QLD par le biais d’un de ses amis, et nous propose également de rester dans une de ses fermes sur place, afin de ne pas payer de logement et de pouvoir travailler en étant en pleine forme. Nous le remercions de son offre, et je pense que nous pourrions l’utiliser dès que nous arriverons dans le Queensland, afin de faire rentrer un peu d’argent dans la cagnotte.

Déjà l’heure de dire au revoir

Les jours suivants de Woofing sont intenses, clôture, peinture, cuisine, travaux généraux, et nous nous retrouvons un peu embarrassés quand nous décidons de ne pas travailler le jour du seigneur, et que le lendemain il pleut des cordes sur la propriété et que par conséquent, nous ne travaillons toujours pas. Nous nous voyons alors expliquer le fait que dans une ferme, il ne faut pas fonctionner d’un point de vue calendaire mais plutôt du point de vue des éléments extérieurs, pas faux, même si nous étions dans notre droit, nous nous rattrapons les jours suivants en creusant des trous et en avançant considérablement le projet de l’enclos à cochons, qui stagnait avant notre arrivée.

Nina reprend sa route pour le Red Centre, et alors que Jacob pense rester encore un peu, nous actons notre départ pour la fin du mois d’Avril, en réservant nos billets pour Bali le 12 Mai, en profitant des prix au départ de Darwin, qui sont très faibles (150$ aller retour par personne…). La famille entière comprend que nous aillons un roadtrip à continuer, et nous propose à nouveau si nous le souhaitons de rester dans leur ferme dans le Queensland, Steven nous propose même de monter avec son 4×4 quand nous y serons, afin d’aller visiter Fraser Island, Moreton Island, vraiment sympa de sa part ! Et pour conclure, il nous invite, Jacob et nous, à assister à un match d’AFL, football australien, dans les tribunes présidentielles du Stadium d’Adélaide, nous acceptons avec grand plaisir un tel cadeau, et profitons de notre dernière soirée à Adelaïde devant un match qui se termine sur un score bizarroïde de 99 à 91, sport décousu et violent, on adore !

Nous prenons la route le lendemain, après 25 jours de Woofing, en direction du Red centre, puis de Darwin, avec une première escale aux Flinders Ranges.

Nos ressentis vis à vis de ce premier woofing

En résumé, après un très, peut être trop, long article, nos impressions sur le woofing sont assez opposées, ce qui prouve que le woofing est un type de travail particulier, qui peut plaire comme décevoir, même si d’un point de vue global, nous sommes tombés sur des hôtes très accueillants et sur un lieu de vie très sympa, ce qui n’est pas le cas de tous les woofers. Pour ma part, j’ai aimé découvrir un rythme de vie différent, j’ai aimé perfectionner mon anglais, bien manger et bien boire, dormir dans un lit douillet, prendre une douche chaude, et bien sur assister à un match d’AFL. J’ai aussi pu découvrir des activités que je ne connaissais pas, tels que les travaux manuels et de bricolage qui ne sont pas mon fort, je ne me suis donc pas ennuyé pendant ces 3 semaines, même si le rythme a parfois pu être trop soutenu à mon goût et vis à vis de l’idée que je me faisais du woofing. Pour Claudia, l’expérience a été différente, d’abord parce que, elle souhaitait vraiment partager la vie de Gillian, de Steven et de leurs filles, et malgré qu’elle essaye au jour le jour de s’améliorer en Anglais, elle souhaitait participer aux débats, exprimer ses idées, mais que le temps de réfléchir à comment formuler son idée, que le débat prenait déjà un autre virage. C’est ennuyeux et peut devenir rapidement frustrant évidemment. Elle a toutefois essayé, et a progressivement réussi à comprendre et à se faire comprendre, avec des effets positifs sur son anglais qui seront définitifs, et ce en seulement 3 semaines ! Et puis, ses missions n’ont pas été les mêmes que les miennes, beaucoup de travaux de peinture et de nettoyage, balayage, qui si ils ne sont pas difficiles, ne sont pas forcément passionnants. Enfin, si elle travaillait en binôme avec Nina au départ, elle travaillait seule par la suite pendant que Jacob et moi travaillions de notre coté, c’est forcément moins plaisant. Malgré ces points, elle a aimé le fait de voir naître des animaux à la ferme, elle a aimé pouvoir comprendre plus facilement les discussions à la fin de son expérience, à tel point qu’elle voudrait parler en anglais tout le temps désormais, de pouvoir cuisiner à nouveau et pour une fois depuis 4 mois, pas que des beans ou des noodles, et puis elle a aimé le vin blanc auquel elle avait le droit tous les soirs, oh oui ca compte !

L'amour est dans le pré!
L’amour est dans le pré!

Dans tous les cas, nous avons rencontré une belle famille, qui offre beaucoup à ses woofers, et qui considère ceux-ci comme des membres de l’entité famille dès qu’ils arrivent à la ferme, et qui leur offre des opportunités incroyables pour le reste de leur roadtrip, ce qui est très généreux de leur part. Nous avons passé de supers moments avec les enfants, avec Steven et Gillian, et nous nous sommes forcément attachés à nos 2 acolytes de travail et de vie qu’étaient Nina et Jacob. Nous avons bien mangé, nous avons bien bu, nous repartons requinqués et frais comme des gardons, pour découvrir le reste de cette grande Australie.

Another sunset at the farm!
Another sunset at the farm!

Ah et au fait, le Woofing ne comptera plus dans les jours pour le second WHV, reste à savoir si l’effet de cette décision sera ou non rétroactif, on croise les doigts !

 À bientôt pour d’autres premières fois,

 Les Amoureux Voyageux.


Claudia & Jeremy - Amoureux Voyageux

On se balade, on grignote, on photographie et puis on vous raconte !

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