Alors que nous sommes à Brisbane, et que nous programmons notre départ vers la Nouvelle Zélande en fonction de la bonne saison au pays des kiwis, nous nous rendons compte que nous allons avoir un délai de plusieurs semaines pendant lequel nous devrons patienter avant de prendre notre avion de Sydney. Ce délai, si il est mal géré, pourrait nous couter beaucoup d’argent, en frais de logement à Sydney notamment, nous décidons de chercher un woofing, après une première expérience réussie, entre Brisbane et Sydney.

Une alternative woofing rapidement oubliée

Mais nous ressentons une différence avec les propositions du South Australia, les hôtes semblent habitués à recevoir des woofers dans le QLD/NSW, à tel point que les annonces semblent plus intéressées, moins honnêtes, et la dernière chose que nous souhaitons c’est de tomber sur un mauvais plan, nous préférons nous abstenir.

Alors que nous sommes un peu coincés, Claudia continue de consulter les offres de boulot sur internet, ce que Jérémy a arrêté de faire depuis longtemps. Elle envoie du cv à tours de bras, sans réponses. Nous sommes donc surpris quand Mark, le propriétaire et gérant d’un bar restaurant dans le NSW nous contacte par téléphone, pour nous faire part de son enthousiasme vis à vis de nos profils, il souhaiterait que nous commencions dès que possible !

Nous sommes à Brisbane, nous lui donnons un délai d’une dizaine de jours, afin de découvrir la Gold Coast, et toute la côte du Queensland/NSW, Byron bay, Port Stephens…

Salaire intéressant, heures importantes, logement et nourriture inclus

Sur le principe, l’offre nous semble cohérente, 18$ de l’heure, accommodation et repas inclus dans le deal, d’où un salaire un peu moins important que pour les autres salariés. Le besoin est important, les heures devraient être conséquentes.

10 jours plus tard, nous voici arrivés à Denman, dans l’Upper Hunter Valley (comme on se retrouve, 7 mois plus tard), en face du Royal Hotel, qui sera notre maison pour les 2 prochains mois.

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Mark est un australien, la quarantaine, qui possède de nombreux établissements dans la petite ville (1500 habitants) et qui gère son business en homme de terrain.

Plus que par notre expérience dans la restauration (conséquente pour Claudia, proche du néant pour Jérémy), il a été séduit par l’architecture de notre CV, et par notre formation universitaire en droit, qui selon lui, définit un profil qu’il recherche, vis à vis de l’efficacité dans le travail notamment.

Il souhaiterait que Jérémy travaille en cuisine, et que Claudia travaille au bar, pour des raisons évidentes bien que difficilement admissibles, vis à vis des ventes à la clientèle masculine.

Il nous montre nos quartiers, nous allons séjourner dans l’appartement destiné au manager, puisque cet appartement est vide depuis que Mark habite une petite maison de l’autre coté de la rue. Douche privée, grand lit, salle à manger, frigo, canapé, climatisation, bref on ne dit pas non.

Un rythme soutenu dans une équipe soudée et sympatique

Nous prenons rapidement nos marques, Jérémy commence au bar et Claudia à la cuisine, histoire de se familiariser avec toutes les activités auquel nous toucherons pendant nos shifts.

Les premiers jours sont denses, nous faisons 35 heures en 4 jours, mais c’est ce pourquoi nous étions venus, un deal existe avec Mark, dès qu’il a besoin de nous, il peut venir taper à notre porte et nous venons bosser, c’est ce qui fait la différence avec les locaux, qui ont toujours des choses à faire, des imprévus, et c’est pour cela que Mark aime travailler avec les backpackers.

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Nous mangeons midi et soir au restaurant, les chefs Daniel et Sunshine (chef de la section Thai, un régal) sont tous les deux très bons, nous nous délectons de mets tous délicieux, conséquence un petit +4 kilos sur la balance pour Monsieur au bout de 3 semaines, les burgers, frites, garlic bread n’aident pas !

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Du coté du boulot, la deuxième semaine, nous inversons les rôles, sans franche réussite, Claudia n’aime pas trop se faire draguer par tous les mecs qui passent par le bar, et Jérémy a du mal à prendre le rythme effréné de la plonge, tout le monde le sent et nous décidons qu’il est préférable de rester sur nos positions de base, Jérémy au bar et Claudia en cuisine.

Après qu’il a obtenu son RSA, nous sommes tous les 2 en règle pour travailler vis à vis de l’Etat du NSW.

L’expérience est inédite, et elle est extrêmement positive vis à vis de la pratique de la langue, Denman n’est pas dans l’Outback profond, mais quand même, les accents des locaux sont prononcés, à la limite de l’audible pour certains, et nous luttons les premières semaines pour ne pas demander aux clients de répéter 5 fois la même chose. Après quelques jours, qui deviendront semaines, nous progressons à vitesse grand V, en apprenant les expressions et les raccourcissements propres aux Australiens.

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Du point de vue du travail, les semaines se suivent et ne ressemblent pas vraiment, nous passons de 55h par semaine à 38h suivant les besoins, mais aucun de nous deux ne passera sous la barre des 35h, avec la clé de beaux salaires à la fin de la semaine.

Une création bénévole du site de l’hôtel

Pendant notre temps libre, nous nous portons volontaires pour prendre des photos du complexe, des plats, et nous engageons à créer entièrement un site internet pour le restaurant et le bar, sans nous souvenir du travail titanesque que la création d’un site internet sous entend. Mais, à force de volonté, et toujours dans une optique de faire plaisir à des gens qui nous ont fait confiance dès notre arrivée, nous terminons le site après une cinquantaine d’heures de travail, pour un résultat dont nous sommes, avouons le, plutôt fiers !

www.royalhoteldenman.com.au

Nous prenons rapidement nos marques, mémorisons les visages et les habitudes de chacun, qu’ils soient employés ou clients, à tel point que nous connaissons rapidement les commandes et les bières des habitués, que nous tâchons de servir sans qu’ils aient eu le temps de le demander.

Les relations avec les autres employés sont bonnes, nous passons plusieurs soirées chez les uns et les autres, et profitons de cette situation confortable, qui consiste à amasser de l’argent sur son compte, sans rien dépenser, en socialisant un maximum, le tout en améliorant son anglais…

Au final, nous aurons en moyenne, et pendant 7 semaines, été payés 1300 dollars pour 2, en logé nourri, soit 9000 dollars d’argent de poche, qui nous seront utiles pendant notre découverte de la NZ.

Pour un boulot pas compliqué, bien que parfois éreintant, notamment en cuisine, c’est quand même une belle affaire.

Et puis, hormis ce pécule financier, nous avons vécu de superbes moments pendant ces 2 mois, nous avons découvert des gens absolument incroyables, surtout Jérémy au bar. Ces habitués, viennent s’asseoir à la même place, prendre la même boisson depuis plusieurs années. Ils ont tous des vies, souvent pénibles, Denman étant une ville qui vit grâce au travail dans les mines, qu’ils viennent mettre de coté afin de retrouver des amis de longue date tous les jours ou presque.

Alors oui, souvent, ils boivent plus que de raison, et tenter de justifier de telles tendances alcooliques n’est pas notre mission, mais ces types là, sont de vrais crèmes, nous avons été invités à chasser, à pêcher, à aller à la plage, sans que nous ne demandions rien, simplement parce que nous faisions partie d’une grande communauté qui se soutient et s’apprécie.

Parmi ces réguliers, l’histoire de Sid mérite quelques lignes, pour comprendre à quel point les choses peuvent aller vite dans la vie.

Sid fut l’un des « horse whisperer » les plus renommés du NSW, on lui a reconnu un don pour parler aux chevaux, pour les calmer et les dresser, pratique dont il avait fait son métier pendant 30 ans. Pendant ces 30 ans, Sid est heureux en ménage, marié depuis 20 ans à son premier grand amour, il ne touche pas à l’alcool, trop cher et inutile, il boit un verre ou deux, les jours de fête.

Après 20 ans de ménage, sa femme le quitte sans vraiment de raison, Sid le vit mal, et décide de quitter la ville où il travaille, pour changer d’air. Il trouve un travail dans les chemins de fer. Tout se passe mieux, il trouve une partenaire, et envisage une nouvelle belle histoire.

Après quelques années dans les chemins de fer, il participe à un tirage au sort lors de la tombola de la ville, et remporte le premier prix, 50 cartons de bière, 1500 bières !

Il envisage de revendre le tout, mais ses collègues de travail lui conseille plutôt de garder l’intégralité et de les inviter plus souvent chez lui. Sympa, il conserve les bières dans son garage, et les soirées s’enchainent, les collègues ramènent aussi de l’alcool, bref, un cycle s’installe, il boit mais sans excès, alors que sa compagne tombe dans l’alcoolisme en moins d’un an. Dépassé, il tente de l’aider mais elle n’est plus elle même, ils décident de se quitter quand les chemins de fer ferment.

Seul, il s’installe dans une étable à Denman, et s’ennuie après 45 ans passés en couple, il recherche de la compagnie, et vient discuter au bar, s’y fait des amis, et ne souhaite pas vraiment rentrer chez lui le soir, alors il boit une bière, juste pour rester encore un peu pour discuter… En 2 mois, nous avons vu Sid tous les jours à de rares exceptions près, c’est un vrai gentil, il discute, il rigole, il sourie, et admet qu’il adorait ce qu’il faisait avant, que les chevaux lui manquent, mais qu’à chaque fois qu’il est seul chez lui, il a juste envie de venir passer un bon moment au bar.

Et Sid n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, nous n’oublierons pas non plus Micky, qui après 18 ans sans se raser, s’est pointé rasé comme un enfant un matin, parce qu’il voulait faire bonne impression auprès de ses petits enfants qu’il allait voir pour la première fois…

Sid et Micky
Sid et Micky

Bref, nous avons vécu de vrais moments humains en 7 semaines, nous n’oublierons pas ces gens qui nous ont ouvert leurs portes avec une sincérité rare, et nous avons d’ailleurs envisagé avec Mark, un retour dans les mois à venir, après la NZ, pour travailler sur du plus long terme au bar, 5-10 mois peut être.

En attendant, direction Sydney, puis la Nouvelle Zélande, où nous allons pouvoir nous faire plaisir grâce à cette expérience de job dans un pub.

L’aventure continue,

Cheers Guys, TA !

Les Amoureux Voyageux


Claudia & Jeremy - Amoureux Voyageux

On se balade, on grignote, on photographie et puis on vous raconte !

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