Le Drakensberg, cette immense chaîne montagneuse, fut notre première destination juste après notre passage à Madikwe. Après coup, nous aurions du passer 2 voir 3 jours sur place pour découvrir ne serait ce que l’infime partie du Drakensberg où nous nous sommes arrêtés, à la limite entre le Lesotho et l’Afrique du Sud.

Car si amphithéâtre, notre destination, est le summum de la région, il y a également autour de ce point fort tout un ensemble de marches superbes à faire pour découvrir un endroit unique en son genre en Afrique du Sud.

En quittant Johannesburg, nous nous attendions à une longue journée, mais pas à autant de rebondissements. Si nous avons évidemment planifié énormément avant de partir, nous avons pourtant fait preuve de moins de vigilance sur certains détails de notre roadtrip, par manque de temps avec nos emplois respectifs, et peut être aussi à cause d’une envie de moins planifier, après un WE à Londres digne d’une course contre la montre et non plus de vacances.

Rejoindre le parking de la marche vers The Amphitheatre depuis Johannesburg devait donc nous prendre « environ 4h » et la marche allait durer « environ 5h ». Nous n’étions pas au bout de nos surprises.

De Johannesburg au Sentinel Car Park, le début des ennuis

Départ à 6h30 de Jo’burg, nous traversons calmement un town ship à l’ambiance particulière, puis prenons la route pour 350 kms, en avant vers le Sud.

4h plus tard, et après 100 derniers kms au milieu de montagnes magnifiques, nous arrivons « comme prévu » à 10h au niveau du barrage d’entrée vers le sentinel peak car park, point de départ de notre randonnée. Ce barrage permet aussi de rejoindre Witsieshoek, l’hôtel le plus proche du parking, 7 kms environ, où nous avons choisi de passer la nuit une fois la randonnée terminée.

Nous avons choisi cette alternative au dernier moment, alors que nous avions pendant longtemps considéré l’option de dormir au sommet de l’amphithéâtre, avant de changer d’avis par manque de compétences (dormir en haut d’une montagne ne s’improvise pas…) et après avoir lu beaucoup de mises en garde assez effrayantes sur les agressions de fermiers zoulous dont auraient été victimes certains campeurs au niveau de l’amphithéâtre.

Cette zone n’est pas la plus dense en termes d’hôtels et exception faite du Witsieshoek, le 1er hôtel se situait ensuite au minimum à 1h30 de route du barrage d’entrée.

Au barrage, nous devons nous acquitter de paiements dont nous n’avions eu connaissance nulle part auparavant : 50Rd par personne. Le gardien nous dit aussi que nous devrons payer 80Rd par personne au car park avant de partir à la marche. On a jamais aimé payer pour rien, et le gardien est balbutiant, cette partie du Drakensberg ne fait pas partie du Royal Natal National Park, donc du coup il faut payer, mais il ne sait pas vraiment pourquoi. Un peu comme à Bali, même pour des petites sommes, on aime bien savoir pourquoi on paye, ce n’est pas le montant qui nous dérange, mais simplement que l’argent soit réclamé pour un motif réel.

A la patte d’oie séparant l’hôtel de la route vers le Sentinel Car Park, on voit que le chemin vers le Car Park est en terre, et qu’il y a d’énormes cailloux, un peu inquiétant, mais bon, la dirt road on connait maintenant, on l’a vaincu en Australie!

Nous faisons notre check in rapidement, il est 10h15, et la femme en charge du check in, me demande quel est mon véhicule pour aller jusqu’au car park. Fier comme un coq, je lui montre la Nissan Almera. Tout s’enchaîne ensuite en quelques secondes, elle grimace : impossible que vous arriviez au car park avec cette voiture, la route est pleine de cailloux, la prochaine navette 4×4 part dans 2 minutes, elle coute 135Rd par personne AR, la suivante est dans 1h.

On a vécu tellement de plans Banane en Asie, qu’on réfléchit 2 minutes, on se dit que c’est encore un prétexte pour nous prendre 20€, on acte notre choix, pas de navette, on a vu pire qu’un chemin de petits galets. ERREUR.

En partant, Fifi, la réceptionniste, nous dit que la prochaine navette nous attendra si nous changeons d’avis. On aurait du voir le truc arriver.

Tester son couple : Faire le Paris-Dakar en berline

7kms en voiture, rien du tout qu’ils disaient. Les premiers mètres sont pénibles mais accessibles, la conduite est saccadée mais plutôt smooth, on passe les étapes sans encombres.
Au tiers des 7kms, et alors que le ton monte crescendo entre nous, arrive une montée avec des cailloux franchement énormes, et nous sortons tous les 2 de la voiture pour faire les pros de la trajectoire. Une dizaine d’essais plus tard, nous nous rendons à l’évidence, il n’y a aucune chance que nous avancions plus sur ce terrain avec cette voiture, il est 10h50, nous venons de perdre 30 mns qui s’avéreront précieuses en fin de journée.

Heureux hasard, nous rencontrons dans cette fameuse montée, deux français, Thomas et Jean Baptiste, qui tentent l’aventure avec une Polo, et qui feront finalement le même choix que nous de prendre la navette. Au final nous avons fait un bout de parcours avec ces deux passionnés de photos super gentils, comme quoi, il y a toujours du bon dans le mauvais!

En fait, Fifi de la réception leur avait dit qu’un couple venait de partir avec une citadine, sans le savoir on avait refermé sur eux le même piège que celui dont nous venions d’être victimes.
Finalement, nous partons à 4 dans la navette 4×4, et franchement, après 25 mns pour faire les 7 kms jusqu’au parking, on peut vous assurer qu’aucune citadine ne peut passer par ce chemin, ne présumez pas de vos forces, vous risqueriez de prendre un coup dans la fierté, et de perdre votre caution…

Nous commençons la marche à 12h10 au lieu de 10h, en sachant que c’est une marche qui dure environ 6h et que nous voulons être rentrés avant le coucher de soleil de 18h, on vous laisse faire le calcul dans votre tête, not good. Fifi nous avait dit que l’ensemble durerait 4h, mais après coup, celui qui fait cette ascension en 4h est soit en scooter soit Kilian Jornet, sinon c’est très compliqué.

Le sentinel peak hike, 2h30 de vues sublimes avant le dilemme

En débarquant sur le parking, on a rapidement compris qu’on allait mettre 6h bien mures à grimper jusque l’amphithéâtre, déjà parce qu’on devinait que pour passer de l’autre coté de la montagne il allait falloir monter sévère, mais surtout parce que rien qu’au parking, le panorama qui nous entourait désormais était absolument hors du commun. Plusieurs dizaines de vallons se succédaient, les vallons étaient tantôt ocres, tantôt verts, « au milieu coulait une rivière » bref, incroyable.

Voici l’itinéraire de la marche vers l’amphithéâtre :

On vous conseille de prendre comme toujours beaucoup d’eau, et de faire des pauses quand vous le voulez, cette marche est longue, et certaines portions sont franchement difficiles, alors prenez un rythme constant, faites des photos, et tout ira bien.

La marche commence par une grimpée puis par le zigzag trail, avant un passage facultatif par le lookout, foncez y, pour la vue et pour prendre une pause méritée. Vous partez ensuite pour une marche de 45-60 minutes environ, profil faux plat, pas très difficile.

Jusque là, rien de difficile, mais on remarque qu’absolument aucune flèche ou panneau ne nous dit vers où marcher, nous suivons simplement les chemins usés par les pas d’anciens marcheurs, le balisage est franchement à revoir, ou plutôt à créer.

Après 2h30 de marche (avec arrêts photos, rythme tranquille) nous arrivons à une croisée des chemins, d’un coté, le chemin qui mène aux redoutées échelles suspendues au dessus du vide, de l’autre coté le Gully, un sentier très abrupt, fait de pierres franchement peu accueillantes, on se demanderait même si c’est un chemin officiel.

 

Et là, en face de nous, un grand panneau énonce « Ladders in renovation, please take the Gully way ». Donc personne ne nous prévient à l’hôtel, alors que le chemin des échelles est en rénovation ? Hors de question de prendre le risque, surtout après avoir vu la photo des échelles en question, nous passerons par Gully.

40 minutes franchement douloureuses vont suivre, nous grimpons avec l’aide de nos mains tellement certains rochers sont hauts, la montée devient longue, et on a beaucoup de mal à imaginer comment nous allons descendre par ce chemin escarpé. Heureusement, à mi chemin nous croisons des néerlandais, qui nous expliquent que le panneau n’est pas d’actualité, et que tout le monde emprunte le chemin des échelles.

Enfin, le panneau est toujours là… donc soit quelqu’un a mal fait son boulot, soit les échelles sont bel et bien toujours en rénovation, pas rassurant.

Ce couple de néerlandais fait partie des 6 personnes croisées pendant toute notre marche, 6 personnes seulement, pour l’une des plus belles randonnées que nous ayons fait de notre vie, ça change franchement du monde de Tongariro par exemple! On a croisé plus de monde pour des marches beaucoup moins sympa un peu partout en voyage, c’est donc un super point positif pour cette marche.

Le Gully Track…

L’amphithéâtre, sur le toit du monde ou des enfers?

Lorsque nous passons enfin le col, il est 15h. En face de nous, la rivière Tugela, sèche ou presque, qui se jette dans le vide, nous avons en fait face à nous le départ des Tugela Falls, 935m de haut (pas d’erreur de dizaine, 1km de haut…).

Aucun chemin de tracé, nous nous fions à notre instinct pour rejoindre le lit de la Tugela, que nous traversons, pour arriver finalement en face de l’amphithéâtre, littéralement un amphithéâtre de pierre, qui donne sur le vide, c’est juste hallucinant, on se croirait quelque part dans les antres de la Terre.

C’est à ce moment précis que l’orage se déclenche, accompagné de vents puissants et de fortes pluies, comme si nous venions de déranger quelqu’un, là haut, ou là bas, tout en bas.
Nous shootons tant bien que mal, puis repartons, avec Thomas et Jean Baptiste, par un chemin de terre qui semble mener aux échelles, à l’instinct encore et toujours.

Un sunset incroyable au milieu des montagnes

Le temps des échelles arrive ensuite, et si les vents ne nous rassurent pas, cette étape se passe sans encombres, malgré quelques frissons obligatoires et presque agréables.

Nous faisons le chemin du retour en prenant beaucoup de photos, car le soleil se couche et habille l’horizon d’un orangé magnifique, avant qu’un rose violacé embaume l’air et nous force à de nombreuses autres pauses, nous assistons à un spectacle rare, peut être la plus belle vue de notre vie, quelque part à égalité avec la marche de Roys Peak.

 

Il est 18h30 quand nous atteignons le car park, après 6h30 de marche, nous sommes franchement lessivés comme rarement par le passé, mais nous venons de passer une journée incroyable.
La marche de l’amphithéâtre est assez difficile, de l’accès au car park jusque l’arrivée au sommet en passant par les échelles, mais franchement, rien en comparaison du plaisir que nous avons ressenti face aux panoramas du début à la fin de cette route.

Voici nos 10 tips essentiels pour que votre randonnée soit réussie :

– Consacrer une journée entière à l’ascension

– Prendre la navette depuis Witsieshoek hôtel pour 135Rd par personne AR

– Avoir des vêtements chauds (doudoune, écharpe…)

– Avoir beaucoup d’eau (2 litres par personne est un minimum)

– Passer par Gully pour la montée, et par les échelles pour la descente

– Prendre des photos tout de suite, le temps change très vite, les couleurs aussi

– Ne pas commencer la descente après 15h30, marcher de nuit est dangereux

– Si vous le pouvez, passer la nuit à Witsieshoek Mountain Lodge est un vrai plus, vous serez ravis de pouvoir vous jeter dans votre lit dans la foulée de la randonnée. Et en bonus, la vue y est folle.

– Allouer 2 jours à la région ne sera pas de trop, il y a d’autres jolies marches à faire

– PRO-FI-TER, des vues comme celles du Sentinel Peak Hike sont uniques, ne soyez pas pressés par le temps, ça serait gâché.

Un sunrise magnifique pour conclure 24h intenses!

Le lendemain matin, nous nous sommes lever aux aurores, pour admirer le sunrise depuis la pelouse située à 5m de notre chambre, ni plus ni moins. Rien que pour cette vue Witsieshoek vaut le coup d’oeil, un peu comme pour le Forever resort de Blyde River, que nous avons découvert quelques jours plus tard. Franchement, pour la petite plus value, la vue et la proximité avec le parking valent largement l’effort!

L’aventure continue.

Les Amoureux Voyageux.


Claudia & Jeremy - Amoureux Voyageux

On se balade, on grignote, on photographie et puis on vous raconte !

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